Saintes en armes, combattantes, militantes, émeutières, résistantes, activistes luttant contre le patriarcat, la domination masculine, la violence sexuelle ou sexiste, le capitalisme, le pouvoir politique, l¹esclavage ou la colonisation, mais aussi terroristes, kamikazes, gardiennes de camps, femmes soldats ou délinquantes La violence manifestée par certaines femmes revient au sein de notre actualité mondialisée, au risque d¹éclipser la violence faite aux femmes. Preuve qu¹elle marque les esprits et frappe les imaginaires, aujourd¹hui comme hier : de victimes expiatoires, ces femmes deviennent des bourreaux désignés. Cette violence revendiquée a pourtant été longtemps occultée par une histoire écrite par des hommes, soucieuse de perpétuer un mythe de l¹innocence féminine, socle du modèle patriarcal, car il permettait de reléguer les femmes dans des tâches subalternes. Si les violences domestiques (infanticide, crime passionnel, violence conjugale), secrètes (empoisonneuse, traîtresse, usurpatrice) ou déviantes (sorcière, criminelle, violeuse, veuve noire, femme fatale) sont aujourd¹hui mieux connues, il semble que la violence politique commise au sein de l¹espace public, qu¹elle ait ou non une visée émancipatrice, le soit moins. Elle s¹exprime pourtant au grand jour, activant des stéréotypes dépréciatifs tenaces (vénéneuse, poissarde, tricoteuse, incendiaire, virago, pétroleuse, vitrioleuse, suffragette), destinés à évacuer la femme d¹une sphère publique où sa place n¹est pas considérée comme acquise. Cet ouvrage met en évidence un inconscient culturel, puissant à l¹œuvre dans nos représentations collectives : il identifie les origines antiques, souvent mythifiées de ces femmes d¹action, leurs mutations au cours de l¹histoire et leur résurgence ambivalente au sein de notre monde contemporain, afin de saisir une question qui interroge notre modernité au regard de son histoire.